14 juin 2018 : visite de Sylvanes

par Jean-Louis GARDES, secrétaire de la section du Tarn

"Nous nous excusons auprès de M. Jean-Louis Gardes pour la manière dont son article a été mis en page de façon incomplète sur notre site Internet. Vous trouverez ci-dessous l'article original et complet qu'il avait écrit. La section AMOPA 31 le remercie encore pour cet excellent compte-rendu."

 

En ce jeudi 14 juin 2018, le Tarn et sa voisine la Haute-Garonne se sont donné rendez-vous dans l’Aveyron au village de Sylvanès pour une journée de découvertes, d’amitié et de spiritualité laïque. C’est la première fois que l’AMOPA 81 et l’AMOPA 31 ont décidé de s’unir : 34 participants de la Haute-Garonne et 20 du Tarn soit, sauf erreur de ma part, un total de 54. Permettez à mon introduction d’anticiper sur ma conclusion ! Cette journée, qui fera date dans l’histoire de nos deux sections, a été une réussite. Je ne doute pas qu’elle préfigure d’autres sorties du même type. De plus, il n’a pas plu ! En effet, dans l’Aveyron, le soleil brille toujours : si ce n’est dans le ciel, c’est dans les cœurs ! Parole d’Aveyronnais !

Il était une fois la source thermale de SILVANIUM, du latin « silva », la forêt. Or, en 1136, un brigand repenti, PONS DE L’HERAS, décide de fonder une abbaye toute proche. Bientôt, une petite communauté de moines ermites se joint à lui. Le destin de Sylvanès est noué. La construction de l’église abbatiale s’étend sur plus d’un siècle, de 1151 à 1252 : l’architecture romane tend peu à peu vers le gothique. L’édifice a connu les vicissitudes de l’Histoire : déclin, abandon pendant deux siècles, destructions. En 1834, les « restes de l’abbaye » sont inscrits au titre des monuments historiques. En 1975, un frère dominicain, le Père André GOUZES, compositeur de musique liturgique, et Michel WOLKOWITSKY décident de restaurer l’abbaye et de faire revivre Sylvanès.

De nos jours, le petit village qui ne comptait que 107 habitants en 2015 est devenu grand de par sa renommée internationale. Blottie dans un cadre naturel protégé du Sud-Aveyron, l’ancienne abbaye cistercienne fait partie des  grands sites classés d’Occitanie. « Parce que nous croyons à la pertinence de ce lieu, l’Abbaye de Sylvanès, forte de son rayonnement et de sa vocation de haut lieu d’Art, de Culture s’inscrit depuis plus de 40 ans dans cette mission universelle, au service de l’homme contemporain, en quête de sens, de beauté, de spiritualité ouverte et de fraternité. » (Michel WOLKOWITSKY, directeur artistique fondateur et maire de Sylvanès)). C’est ainsi que du 8 juillet au 26 août 2018 se déroulera le 41 ème festival de musiques sacrées, musiques du monde.

Mais revenons au 14 juin !

A 10 heures, Michel WOLKOWITSKY nous accueille devant l’abbaye. Je ne m’étendrai pas sur les caractéristiques architecturales. Le contraste entre la façade austère, triste, et l’intérieur est saisissant. La majesté et la hauteur de l’édifice, les murs dépouillés, la couleur du grès, le symbolisme du plan de construction, les vitraux modernes en verre incolore sans croix ni peinture dont la partie centrale a été réalisée à partir de gravures sur bois, l’extraordinaire acoustique, tout contribue à élever l’âme vers la méditation, la paix, le recueillement et pourquoi pas ? l’adoration.

Notre guide charme par son élégance, son érudition, la clarté de son élocution, la puissance veloutée de sa voix. Il est à la fois passionnant et passionné. A l’écouter…religieusement, on revoit et on revit le passé de l’abbaye.

De l’intérieur, on accède aux bâtiments conventuels : la sacristie, la galerie est du cloître, seul élément rescapé d’un ensemble que l’on ne peut qu’imaginer ; voici aussi la salle capitulaire et le scriptorium. A l’étage, le dortoir des moines a été en partie transformé en bureau où travaillent deux charmantes secrétaires…

A 11 heures, science et musique fusionnent en la personne  d’Yves GOURINAT, professeur à l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace (ISAE –SUPAERO) de Toulouse et directeur adjoint de l’Institut Clément ADER (UMR CNRS 5312). Il est aussi le talentueux organiste et compositeur que nous avons apprécié à l’église de Lacaune en 2014 lors de l’assemblée générale de l’AMOPA 81. Je n’ai pas besoin d’ajouter qu’il est amopalien tarnais. Le récital qu’il propose ce matin parcourt l’Europe avec des œuvres françaises, espagnoles, italiennes, allemandes, etc. Dupré, Vivaldi, Bach, Liszt entre autres se succèdent. Le programme judicieusement choisi met en valeur toute la palette sonore de l’instrument construit en 1997 par Daniel BIROUSTE. Avec ses 4 claviers, ses 59 jeux et ses 4600 tuyaux, c’est l’orgue contemporain le plus important d’Occitanie. Le maestro fascine ; l’auditoire est subjugué. La lumière fait chanter la pierre ; la musique illumine les voûtes. Magie et poésie des synesthésies. Les applaudissements nourris qui clôturent cette heure de bonheur sont amplement mérités.

Après cette extase, il faut retrouver la terre ferme. Pour la circonstance, le scriptorium s’est métamorphosé en triclinium ! Les nourritures célestes s’évanouissent devant les nourritures terrestres… Cette immense salle voûtée où jadis les moines étudiaient et copiaient les textes sacrés s’est transformée en salle à manger. Les piliers qui s’élancent comme des palmes protègent les palmés académiques pour un repas qui n’a rien de monacal ! Jugez plutôt : kir de bienvenue, salade de chèvre chaud, gigot d’agneau, poêlée méridionale, roquefort, nougat glacé, pain, eau, vin, café. Le tout servi par un personnel aimable et efficace.

L’après-midi est consacré à la visite de l’Hémitasie ou église de l’unité, église russe orthodoxe en bois distante de quelques kilomètres. Avec gentillesse, le car toulousain accepte les Tarnais pour leur éviter de prendre leur propre véhicule. Comment raconter la suite ?

                        Dans un sentier montant, très étroit, malaisé

                        Et de tous les côtés à l’ortie exposé, (1)

                             Amopaliens, amopaliennes

                             Marchaient en file indienne.

                             Des âmes charitables

                        Nous aidaient à gravir les endroits redoutables.

Un vent protestant se met à souffler. On peste contre ce chemin qui n’est ni catholique ni orthodoxe. Qui a eu la fâcheuse idée de nous faire passer par ce sous-bois glissant ? En outre, on est très en retard ; malgré une légère brise, il fait chaud.

Mais l’apparition de l’église apaise les esprits. Devant le monument, une pierre tombale rappelle la mémoire du Père Serge de LAUGIER de BEAURECUEIL, décédé le 2 mars 2005 et mécène de l’entreprise. J’ai relevé cette inscription : « La tristesse ne convient pas au banquet de Dieu. » L’intérieur de l’édifice frappe par son espace dégagé, ses deux magnifiques chapelles latérales et par ses dimensions : 27 mètres de haut, 300 m2 de surface au sol.

Tout a commencé par l’amitié œcuménique entre Monseigneur Alexandre MOGHILEV, évêque de KOSTROMA en Russie, le Père André GOUZES et Michel WOLKOWITSKY. D’abord construite dans la région de KIROV à 790 km au nord-est de Moscou à la demande du Père Gouzes, l’église en bois est démontée puis acheminée en France par train. En juillet 1993, le bois arrive à Millau. En six mois, l’église est reconstruite : selon une ancienne tradition russe, les rondins sont emboîtés les uns dans les autres sans clous ni chevilles ni pièces métalliques. Dans une vidéo, le Père Gouzes souligne le lien entre le bois, la forêt, le silence, la méditation, la gratuité de l’amour et de la fraternité. Ainsi, l’emplacement même d’un tel ouvrage rappelle les racines de l’orthodoxie russe.

Au terme de ce compte rendu succinct, les remerciements unanimes s’adressent tout d’abord aux organisateurs de cette journée, Lucien ENDERLI, Président de l’AMOPA 81, et Geneviève CUNNAC, Trésorière de la section du Tarn, ainsi qu’à Yves GOURINAT et notre guide Michel WOLKOWITSKY.

Merci au personnel du restaurant, au chauffeur du car.

Merci à chacune et à chacun d’entre vous, amopaliennes et amopaliens. Grâce à l’autorisation prudente mais confiante de son Président Michel CARRIER, la Haute-Garonne a répondu  à l’invitation du Tarn, son voisin. Notre voisine n’avait rien à craindre ! C’était une invitation en tout bien tout honneur ! Sans arrière-pensée !

Le Tarn et la Haute-Garonne (ou bien la Haute-Garonne et le Tarn, c’est selon) ont noué une relation durable. Nous formons désormais un joli couple !...

A notre prochain rendez-vous !

(1) : inspiré de la fable de La Fontaine  Le Coche et la Mouche  (VII, 7)

Jean-Louis GARDES

           

(Secrétaire de l’AMOPA 81)


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