Une journée en pays de Cadours,

samedi 27 septembre 2008

 

Allées Jean-Jaurès, à 8 heures 30, nous étions plus de quarante à nous embarquer dans une unité des transports Gérémie, afin de  gagner le château de Laréole, le joyau « cadoursien ».

Acheté par le Conseil général, en 1985, dans un état lamentable (1), ce château renaissance a connu une seconde naissance (2), au fil de sa restauration, durant 23 ans ; il est maintenant totalement dégagé des arbres qui le masquaient, et l’espace qui l’entoure va permettre de l’orner de jardins à la française.

Commençons par un peu d’histoire. Le constructeur de Laréole est Pierre de CHEVERRY, fils d’un marchand pastellier de Toulouse. A la tête d’une fortune moyenne, qu’il va arrondir, il est titulaire d’un office de trésorier de France ; autrement dit, il est  financier au service du Roi, première étape vers l’ennoblissement. Au milieu des années 1570, il achète la seigneurie de Laréole, un peu éloignée de Toulouse, mais pas trop coûteuse. C’est un second pas vers l’ennoblissement. Il y construit un château, qui est terminé en 1582.

Pierre de CHEVERRY sait ce qu’il veut, ainsi que le montre le marché de construction du 3 novembre 1579, avec son architecte, Dominique BACHELIER. . Il exige l’utilisation alternée de la pierre et de la brique , pour obtenir un effet de « bossage », simulant un relief et donnant, aux bâtiments une allure redoutable, vus de l’extérieur ; s’y ajoutent les postes de tir nombreux, grâce à des cannonières jumelées, pour donner l’illusion d’une forteresse imprenable (3). Mais il n’oublie pas les embellissements, en particulier le grand degré solennel de la cour intérieure, et la grande cheminée de la salle.

Dominique CHEVALIER est le fils aîné de Nicolas BACHELIER (1487-1557), et lui a succédé à la tête du chantier de l’hôtel d’Assézat . Cela explique que certaines structures de Laréole rappellent celles d’Assézat (4). Dans plusieurs des châteaux qu’il a construits, Dominique BACHELIER conçoit le corps de logis et les ailes fermant la cour sous la protection de quatre tours pour lesquelles il adopte un plan en bastion, souvent repris par la suite.

Passons aux travaux : par contrat du 7 novembre 1579, le maître maçon Jean LANGLADE s’engage à construire toutes les murailles du château, et à suivre le plan dressé par maître Dominique BACHELIER. Cette organisation très précise des travaux permet au chantier de progresser rapidement ; les travaux sont terminés en moins de quatre ans, ce qui est très court pour l’époque. Vers 1980, le château est au bord de la ruine : douves et abords totalement envahis par les arbres, toitures percées ou manquantes, planchers effondrés, cour envahie par les ronces, maçonneries prêtes à s’écrouler, menuiseries brisées ou absentes. Malgré tout, le monument, érigé au milieu d’un vaste site « garde un charme fou » (Bernard VOINCHET).

Le travail du restaurateur, Bernard VOINCHET, a demandé une parfaite connaissance des édifices de la Renaissance, et beaucoup de dextérité. Il a écrit un chapitre du bel ouvrage sur Laréole, édité par l’Association des amis de l’hôtel d’Assézat. Je le cite (p. 150) :

« Tel qu’il nous est arrivé, le château recélait de nombreux ouvrages cachés ; comme tous les édifices anciens, il a dévoilé ses secrets tout au long du chantier. On comprend pourquoi les compagnons choisis pour œuvrer à sa restauration ont été capables de « lire » l’édifice, notamment au cours des démontages, afin de conserver ce qui doit l’être ; capables aussi de comprendre les faiblesses structurelles d’un édifice présentant une insécurité réelle. Ils ont été capables encore de retrouver le geste du maçon qui, plusieurs siècles auparavant, exécutait des joints et taillait la brique ; celui du peintre, qui savait consolider une couche picturale défaillante et choisir la tonalité de la peinture, pour combler les lacunes afin que l’œuvre « réapparaisse » sans être falsifiée ; le geste du menuisier restituant, greffant et harmonisant les moulurations d’une porte et de son chambranle, pour permettre ainsi de rétablir avec subtilité la fonctionnalité de l’ouvrage qui doit parfaitement clore le monument. C’est grâce à ces femmes et à ces hommes, plus d’une centaine, qui ont œuvré depuis l’ouverture du chantier, que le château de Laréole a doucement repris vie ».

Après cette matinée de charme, notre troupe s’attable dans le restaurant de Cox, et notre président profite du répit de l’apéritif, pour décorer de la croix de chevalier Maître Gérard FLORA, notaire à Toulouse. Nous faisons un second voyage dans le passé, plus récent : il me semble retrouver les restaurants de campagne qui ensoleillaient nos sorties dominicales, il y a une quarantaine d’années : une salle du genre « bistrot », des tables de banquet genre 3° république, des vins en carafe d’origine incertaine, mais des plats délicieux allant du bouillon au vermicelle, de la salade aux lardons, de la charcuterie du pays (un régal), au confit de canard (fondant et goûteux), entouré d’une montagne de pommes de terre sautées et de champignons, généreusement arrosés de graisse de canard, et enfin à la pâtisserie, seul élément industriel dans cette symphonie pastorale. J’allais oublier de parler de l’apéritif et du café, compagnons obligés de nos agapes.

Réconfortés et joyeux, amopaliennes et amopaliens se répartirent en deux groupes pour visiter le moulin à vent de Brignemont, d’une part, et le musée de Cox, d’autre part. Je laisse Mr J. PICART, président de l’association « des terres vernissées de Cox » vous présenter « la maison du potier ».

«  Cox peut se flatter d’un riche passé qui fit sa renommée durant des siècles : l’artisanat de la terre cuite. Si ce passé est bien révolu, si l’oubli s’installe chaque jour davantage, si les rares traces matérielles se dégradent progressivement avec le temps, l’action conjuguée de quelques uns et des pouvoirs publics a permis la réhabilitation du dernier ensemble artisanal encore en place. Véritable carte d’identité du village, le musée occupe l’ancienne poterie de Joseph LABALLE (1886-1942), un des derniers artisans de Cox. Avec fidélité, il retrace, dans le respect scrupuleux du bâtiment, l’activité économique de la commune, entre le 16° et le 20° siècles. Le parcours des cinq salles d’exposition (…) permet au visiteur de découvrir les multiples facettes et les aléas d’un métier de jadis »

Le moulin à vent de BRIGNEMONT, est appelé « moulin neuf » (car il le semble presque). C’est un moulin-tour du 18° siècle, en briques rouges recouvertes de chaux aérienne. Le moulin est en excellent état, son équipement est complet. Le meunier nous reçoit chaleureusement ; il fait fonctionner ses installations dans un soupçon de vent d’Autan, et il recueille un soupçon de farine. Evidemment, il pratique un second métier pour pouvoir joindre les deux bouts.

L’Amopalien de service

(1) – Il s’agit du château

(2) – Jeu de mots lamentable (aussi), bien qu’involontaire

(3) – Au 16° siècle, des bandes armées battent encore la campagne

(4) – Un exemple : la coursière du revers de la façade est une réplique de celle de l’hôtel d’Assézat : elle est posée sur six grandes consoles de pierre entre lesquelles sont lancés des arcs en anse de panier.


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