Transmission du Pichet de l'AMOPA
Cette cérémonie traditionnelle a vu Michel Berthet, Président de la section de la Loire organisatrice du congrès 2010, remettre le Pichet de l'AMOPA à Michel Carrier Président de la section de la Haute-Garonne.
Comme a l'accoutumé cette manifestation est l'occasion d'échanges poétiques. Accompagné par Mme Labey, Présidente de la section AMOPA Loire Atlantique qui a bien voulu jouer la Muse, Michel Berthet a déclamé le poème de sa section.
La Muse
« Ô Pichet prends ta lyre et me donne un baiser !
Oui, affermis ton cœur et d'une voix puissante,
Enivré par les charmes du pays du Forez
Chante-nous les mérites du séjour qui t'enchante.
Le Pichet
- Non, Muse ! Je ne puis accorder ma lyre sur de tels accents.
Vais-je parler ici de « mon généreux flanc »
D'une Ville Éternelle ou de grands empereurs ?
Dans ces contrées modestes où les gens ont du cœur
On réserve l'épopée aux exploits du ballon.
La langue qu'on parle ici est une langue familière
Celle d'Aimé Jacquet. Je suis bien dans cette terre
Où le bonheur est simple et les gens sans façons.
J'étais aiguière, ils m'ont rebaptisé bichon :
Un pichet est chez lui au pays du chaudron.
Un peuple chaleureux se presse dans les rues,
C'est son humble grandeur que je voudrais chanter.
Son esprit d'ouverture qui souvent m'a ému.
Un poète plus grand, forézien inspiré,
A su l'année dernière, peindre ses monuments,
Ses villes, ses paysages, son passé étonnant,
Évoquer les grands hommes, capitaines d'industrie,
Ingénieurs ou poètes, musiciens de génie,
Qui donnèrent au Forez éclat et renommée.
Peut-être a-t-il omis dans ces grandes destinées
Les Troisgros, les Gagnaire, tous nos grands cuisiniers
Dont l'art si convivial partout est apprécié.
Mais moi je veux chanter la douceur quotidienne
Les plaisirs familiers qu'on vit à Saint Etienne.
J'ai vu la fête du Livre, la journée Vélocio
la biennale du design, le siège de Casino
Visité Valbenoite, exploré les traboules
Hurlé « Allez les verts » au milieu de la foule
Flâné nonchalamment sur la place Marengo,
Arpenté la Grand'Rue, à pied ou à vélo,
Que demander de plus ? La nature à deux pas
Attend le visiteur dans les monts du Pilat.
Et lui offre un moment la majesté des cimes.
Le Crêt de la Perdrix, le pic de l'Œillon, trône
D'où l'on voit jusqu'aux Alpes et la vallée du Rhône.
Pour celui qui recherche un Forez plus intime
Évoquons la douceur du pays d'Astrée
Entre monts du matin et montagnes du soir,
La plaine du Forez et la Bâtie d'Urfé
Ou le charme paisible des gorges de la Loire.
Difficile de tout dire ! Car mes joyeux ébats
Sans cesse renouvelés n'ont pas connu d'arrêt,
Un an ne suffit pas à peindre le Forez
Ce pays varié où l'on ne s'ennuie pas.
Vous m'attendiez tout noir ? On m'a épousseté !
On m'a choyé, poli et, pour finir, orné.
Un véritable artiste a gravé Saint Etienne
Sur mon flanc cabossé par ma vie bohémienne.
Un scribe qu'inspira mon aimable rondeur
De ma légende oubliée* s'est fait le rédacteur. *faire la synérèse
Désormais un rouleau inséré dans ma panse
Me change en messager, en pichet - oh ! pardon ! - En bichon voyageur,
Des gens de l'AMOPA, apôtre des valeurs.
Le cruchon que j'étais peut enfin dire « Je pense »
Bref, j'arrive à Toulouse en pichet bichonné,
Heureux de mon séjour au pays du Forez.
Quittant la ville verte pour une ville rose,
Comment me viendrait-il une pensée morose ?
Basilique Saint Sernin, Cathédrale Saint Etienne,
Me voilà ! ville de feu, de soleil, de lumière,
Patrie de Nougaro, majestueuse et fière,
Je te salue, Toulouse, orgueil de l'Aquitaine.
Yves AUBERT, 27/04/2011
Moment d'intense émotion, le Pichet dans les bras, Michel Carrier a présenté le poète centenaire (102 ans) Marcel Carrier, son oncle, qui avait bien voulu composer l'Accueil du Pichet pour l'AMOPA 31. C'est grâce à la vidéo projetée sur deux grands écrans que tous les congressistes ont pu voir et entendre Marcel Carrier à son bureau lisant le fameux poème.
Discours d’accueil au pichet de l’A.M.O.P.A. en la bonne ville de Toulouse,
cité d’Art, de Sciences, de Sports et de Plaisirs.
En notre ville qu’on dit rose
On ne doit s’étonner de rien.
Voila pourquoi je vous propose
En guise d’accueil grandiose
Le discours d’un joyeux lutin.
Les vins de mon pays ont délié sa langue.
Il m’a confié, ce jour, sa verve, sa harangue.
Il n’est pas ménager de temps ni de parole.
Sur sa bouche les mots dansent la farandole.
Ecoutons-le :
L’adorable rondeur !
Pichet, cruchon, pichette,
Verse-moi donc, ami, ton vin couleur de paille.
Que cet or, que ce feu glissent dans mon gosier
L’ivresse et sa féerie mouvante.
Alors, comme au travers d’une flamme dansante
Qui frissonne et se ploie tel un voile léger
Je verrai mes pays aux décors fantastiques,
Les palais de porphyre érigeant leurs portiques
Dans des jardins royaux embaumés d’orangers.
J’aurai pour mes plaisirs des harems de sultanes,
Des tapis rutilants de fleurs multicolores,
Des parfums délicats ruisselant des amphores
Et des nuits constellées d’une pluie de diamants.
Pichet, mon ami, dont le ventre s’allège
Et sonne déjà creux
Nous, le lutin, noble empereur des Terres illusoires
Te faisons Moutardier ou bien Grand Echanson ;
Qu’importe !
L’essentiel, compagnon,
Est de servir à boire…
Buvons,…buvons à quoi ? Buvons à qui ?
Et bien, mon beau pichet, prince de l’A.M.O.P.A.
Buvons au souvenir de tes récents voyages,
Ces instants étoilés, ces merveilleux mirages,
Ces moments de bonheur que nous n’oublierons pas.
Nous avons vu Québec, lu son histoire ancienne.
Nous avons admiré la « sylve » canadienne
Où l’automne flambant aux cimes des érables
Tapissait les sentiers d’un vol de feuilles d’or.
Là-bas, le Saint-Laurent à la vaste embouchure
Balançait sur ses flots « l’armada » des vaisseaux
Rêvant de l’aventure et de l’île au trésor.
Puis, ce fut Monaco
Perché sur son rocher, repaire de Corsaire
Livrant aux vibrations d’une vive lumière
Ses palais et ses parcs où, bienheureux pichet,
Tu sommeillais parfois à l’ombre des palmiers.
Alors, revigoré, tu pars vers Saint-Etienne,
Grande ville usinière
Du vert pays de Loire,
Où les prés, au printemps, se pavoisent de fleurs
Pour honorer ses dons de manufacturière
Et proclamer la gloire
De ses anciens mineurs.
Maintenant te voilà aux portes de Toulouse
En franchissant le seuil tel un Grand Sénéchal,
Bannière dans le vent où la croix occitane
Rutile et resplendit ainsi qu’en un vitrail.
Pour te bien recevoir
La ville a revêtu ses beaux habits de fête
Et dans tous ses jardins
Cultivé la violette
Dont la couleur ravit ton cœur « amopalien ».
Tu vas réaliser une moisson d’images
De parcs, de monuments et de riches musées
Dont l’histoire pourrait illuminer les pages
D’un livre de légendes ou de contes de fées.
Tu verras Saint-Sernin, la grande basilique
Parfumée d’encens, bruissante de cantiques
Et l’hôtel d’Assézat et de Clémence Isaure
Ce joyau médiéval,
Où l’on dansait jadis au rythme des mandores
Et qui fleurit en mai les poètes couronnés.
Et tu verras surtout notre fier Capitole,
Ses larges escaliers, ses salles d’apparat,
Son théâtre célèbre où, sous le feu des lustres
Des artistes illustres
Portent jusqu’au zénith les grands airs d’opéra.
Et tu verras aussi, culbutant les nuages,
L’Airbus, oiseau géant,
Rayant le bleu du ciel d’un sillon argenté
Alors qu’en certains soirs magiques de l’automne,
Pour fêter ton séjour
Au pays des ténors et des gais troubadours,
Le soleil déclinant aux berges de Garonne
Tisse un mur d’incendie couleur d’Or et de Sang..
Marcel CARRIER
Instituteur honoraire, Poète centenaire
Officier des Palmes Académiques
Trois fois lauréat de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse