Antoine Lauricesques de Lagarouste
Saint Céré 1644-1710
Conférence du 6 avril 2011
La première fois dont je me souvienne avoir retenu le nom de Lagarouste, fut à l’occasion de la confection de mon premier pantalon long ( dit de golf….). Ma tante m’amena au fond d’une ruelle très négligée au cœur du vieux Saint Céré, cul de sac sombre et pour tout dire inquiétant, presque une venelle ; il ne restait plus qu’à prendre un escalier à vis très étroit pour atteindre la pièce mal éclairée, munie d’une cheminée ancienne, où la culottière exerçait. J’étais chez Antoine Lauricesque de Lagarouste.
Le 21 septembre 1696 au soir, comme nous le relate le marquis de Dangeau, Antoine Lauricesques eut l’honneur de présenter au roi Louis XIV «une machine simple et portative avec laquelle une seule personne élève plus de quatre à cinq milliers pesants ». « Sa Majesté fit venir 40 hommes dans sa chambre » « il s’en trouva 37 et Monsieur de Lagarouste par la force de 2 doigts fit céder toutes celles de ces hommes » « Sa Majesté même eut la complaisance d’y appliquer 1 doigt ce qui lui donna un véritable plaisir » (notes du duc de Saint Simon).
L’exposition « Sciences et Curiosités à la Cour de Versailles » de l’hiver 2010-2011 cite nommément Lagarouste pour ce mécanisme et pour l’expérience dite du « phosphore » où une lanterne à grande portée éclaira jusqu’au fond de la galerie du petit appartement. L’invention du nouveau type de levier constitua une des avancées technologiques majeures de la mécanique au XVIIème siècle ; de nos jours encore, on peut voir au musée des Arts et Métiers à Paris une vitrine entièrement consacrée au levier et à plusieurs de ses variantes.
Touche à tout génial Lagarouste exerça sa curiosité et son action dans bien des domaines de la vie courante : chariot inversable, moulin entraînant plusieurs meules ou plusieurs scies…. Il s’amusera même à construire un automate musical monumental, la Pandolyre dont « le Querci s’en glorifia longtemps ».
Dès 1685 Antoine Lauricesques avait atteint les plus hauts niveaux de la science en construisant un miroir ardent qui fut digne d’être demandé par Louvois pour l’Observatoire
Royal. En ces temps là on y bataillait ferme pour mettre au point un télescope capable de rivaliser avec celui de Newton. Plus tard, au début des années 1700, il fut appelé à Toulon par le marquis de Pontchartrain, ministre de la Marine, pour travailler à l’amélioration des radoubs et des problèmes liés à la mâture des navires de guerre.
Lors de ce séjour de trois ans, Antoine de Lagarouste présenta en 1703 la machine à récurer les ports qu’il nomma « marie salope ». Aujourd’hui ce bateau-
barge est connu sous le vocable de Marie-Salope.
Bourgeois de fortune aisée, anobli par le duc de Bouillon vicomte de Turenne, Antoine fut élu consul de St Céré pour l’année 1681 et en demeura conseiller de nombreuses années. Il avait épousé Marie Pauline de Valette Parisot dont une fille Jeanne Marie puis après son veuvage Catherine d’Alesme dont 2 filles Marie Julie et Jeanne Spérie. Sa vie familiale se déroula dans l’hôtel particulier du quartier du Mazel dont il subsiste actuellement le magnifique noyau ancien. En cette année du 300ème anniversaire de sa disparition (le 13 avril 1710) et de son inhumation dans la nef de Sainte Spérie, sa ville natale a réhabilité le souvenir de ce grand quercinois et lui a rendu l’hommage qu’il mérite.
Louis Galtié.
