La Conférence extravagante du 2 février 2010
de Pierre CLEITMAN
L’AMOUR PLATONIQUE DANS LES TRAINS
Cette manifestation, initiée par l’AMOPA 31, a bénéficié pour sa réalisation, du soutien financier et logistique de la Commission Culture de l’INSA. Que cette dernière, en la personne de son Président, Jean-Pierre Ulmet, en soit vivement remerciée.
Elle s’est déroulée en soirée dans l’Amphithéâtre Fourier de l’INSA, sur le Campus de Rangueil, en présence d’un auditoire largement estudiantin.
Avant toute chose, il importe de préciser la notion de conférence extravagante, dont, à juste titre, Pierre Cleitman revendique la paternité. C’est le mariage de la fantaisie et du sérieux qui associe avec brio l’érudition à la farce, met à contribution les jeux de mots, les lapsus et les associations d’idées les plus inattendues. La présente prestation n’a pas échappé à ce profil ; elle se situe aux confins du One Man Show humoristique et de la conférence traditionnelle..
Quelques lignes sur cet auteur-interprète que j’eus le bonheur de connaître dans une autre prestation au thème tout aussi insolite L’esprit du labyrinthe dans le capuccino européen…
L’auteur et son oeuvre
Parisien de naissance, il étudie d’abord la philosophie à la Sorbonne et découvre en 1976, les plaisirs conjugués du théâtre et de la musique à laquelle il se consacre d’abord –pratiquant l’accordéon diatonique- avant de devenir directeur musical, notamment au Modern Dance Theater de Bâle. …
L’écriture le conduit à concevoir en 2003 deux spectacles d’aphorismes Le lumbago chezBaudelaire et Sortir en boîte.. .
Puis naît la cascade des conférences extravagantes, dont les trois premières sont créées en avril-mai 2004 au Théâtre du Rond Point à Paris :
- Le sens de l’humour chez Descartes,
- Le Yin et le Yang dans les relations franco-allemandes,
- L’amour platonique dans les trains.
En 2006, L’esprit du labyrinthe dans le capuccino européen est salué comme l’un des meilleurs spectacles francophones au Festival du Luxembourg.
En mars 2007, est créé Quel avenir pour l’étonnement ? La même année, Pierre Cleitman fonde l’Université du Rond Point, à Paris.
Puis vont se succéder :
- en décembre 2008, La place du mécontentement dans les énergies renouvelables,
- fin 2009, l’ésotérisme du 22 à Asnières.
Mélange d’originalité, de sérieux et de farce, associant l’histoire, les jeux de mots et la philosophie, ces Conférences surprennent par l’acuité de ce philosophe hors du commun, atypique et singulier. Il donne même envie de se plonger dans la philosophie…loin des manuels scolaires.
Pierre Cleitman excelle dans le rôle de professeur au savoir et à l’humour éclectiques , « philosophe errant entre Diderot et Raymond Devos » (citation de la Voix du Luxembourg).. D’une certaine façon, comme cela a été souligné par la critique, il apprivoise le banal pour leredessiner en relief.
Le spectacle.
Il est quasiment impossible d’en décrire le déroulement. En effet, comme me le confiait Jean-Pierre Ulmet à l’issue de cet exercice verbal d’une densité exceptionnelle, Pierre Cleitman nous promène, sans aucune pause, usant d’une dialectique tout à fait sérieuse et rigoureuse dans sa forme, de propos plausibles en dérapages verbaux totalement farfelus. Il vogue du réel au loufoque, du logique à l’improbable, affichant une maîtrise parfaite de la langue.
Des trains qui partent à l’heure pour arriver là où on les attend. Les horaires, trajets et destinations obéissent, en apparence, à une mécanique des transports bien réglée…que viennent perturber les amours platoniques dont les péripéties se développent plus ou moins discrètement à l’intérieur des wagons. Ainsi, le voyage en train, symbole d’exactitude et de rigueur, offre heureusement le temps de rêver et de s’aimer avec la rencontre toujours possible de l’inconnu créateur et éventuellement procréateur..
Sans jamais se départir d’un flegme busterkeatonien, Pierre Cleitman tente de démêler l’inextricable réseau des réflexions nées durant ce voyage, dès le départ de la Gare de l’Est jusqu’à Bâle, terminus de l’épopée. Tout est prétexte à citations de tous ordres, à développements cartésiens, dans un tourbillon de mots, sans cesse aux confins du réel et de l’absurde, du probable et de l’incertain, de l’arithmétique et du dérisoire Le spectacle est délicieux et se déguste comme une friandise. Les prestations de ce virtuose du verbe sont à recommander aux amateurs d’humour et de propos décalés.
Cette conférence-spectacle, tout comme les huit autres, constitue un véritable feu d’artifice d’idées et de mots qui se heurtent ou se conjuguent avec élégance. Il s’agit d’une réelle performance intellectuelle pour l’auteur et d’une vigoureuse séance de gymnastique pour les neurones des spectateurs!
Un vrai moment de bonheur pour l’esprit qui se conclut très agréablement autour d’un rafraîchissement.
Texte de : Francis Dabosi
Photos de : Jean-Pierre Ulmet
