Fermat l’énigmatique
par Claire Adélaïde Montiel
Cadre administratif (ancienne professeur de lettres)
Vice-présidente de « Sciences et Animation » de Midi-Pyrénées
Ce sont 80 personnes qui ont assisté le 9 décembre 2015 à la conférence de Claire Adélaïde Montiel intitulée « P. Fermat l’énigmatique ». La conférencière en a rédigé le bref compte-rendu ci-dessous. Le lecteur pourra compléter sa connaissance de Fermat en consultant l’article de M. Spiesser sur le site de l'AMOPA31.
J.-B. Hiriart-Urruty
Que nous soyons ou non mathématicien, nous connaissons tous au moins le nom sinon l’oeuvre du génial savant Pierre Fermat originaire de notre région.
Après l’explosion médiatique des années 90, le grand public s’est passionné pour un feuilleton dont il a été la vedette involontaire. Le monde savant n’avait cependant pas attendu les media pour admirer Pierre Fermat. Pourtant malgré tant de gloire, on ne sait pas grand-chose de ce que fut son existence car sa vie est riche en énigmes de plusieurs sortes.
On sait qu’elle s’est déroulée à quelques exceptions près entre trois villes de notre région :Beaumont de Lomagne, son lieu de naissance, Toulouse et Castres. Trois dates de naissance sont évoquées pour trois Pierre Fermat tous trois fils de Dominique, riche marchand de Beaumont : 1601, 1605 et 1608. Aucun historien n’a été à ce jour capable de dire lequel est notre mathématicien.
On n’en sait pas davantage sur ses convictions religieuses. Il est manifestement catholique comme l’était avant lui son père malgré l’alliance de celui-ci en secondes noces avec Claire Delong issue d’une lignée protestante. Cependant on relève dans sa vie un certain nombre de choix qui qui laissent à penser qu’il éprouvait de la sympathie pour la religion réformée. Il observe la même prudence pour le jansénisme et le libertinage érudit qui agitent son époque et on ne sait pas grand-chose de ses convictions politiques. En ce siècle où le pouvoir royal s’efforce de réduire tout ce qui s’oppose à l’absolutisme naissant, il affiche un loyalisme religieux et politique sans failles apparentes
Enigmatique, il le fut aussi dans sa pratique savante. En toute bonne logique, son œuvre aurait dû disparaître avec lui puisque pratiquement rien de ce qu’il a écrit n’a été imprimé de son vivant. C’est grâce à Marin Mersenne, moine minime, savant lui-même et passionné de science, qu’une partie des courriers adressés aux savants européens furent préservés.
Après sa mort, son fils Clément Samuel fit imprimer son livre de Diophante augmenté de ses annotations puis rassembla dans les Varia Opera matematica, tous les textes qu’il put trouver de son père. Puis au XIX° siècle, le ministère de l’instruction publique édita l’œuvre de notre savant magistrat.
Enfin sa dernière énigme, la fameuse conjecture qui lui valut de devenir trois siècles et demi après sa mort une vedette de la presse internationale a été extraite de la marge de son exemplaire des Arithmétiques de Diophante. Les mathématiciens du monde entier l’ont longtemps considérée comme indémontrable avant que l’Anglais Andrew Wiles parvienne à la démontrer en faisant appel à des notions mathématiques que Fermat ne pouvait pas connaître.
Arrivés à ce stade, nombreux sont ceux qui se demandent s’il a démontré sa propre conjecture ? Les avis sont partagés entre ceux qui considèrent qu’il n’avait pas pour cela les outils nécessaires et ceux qui pensent qu’un pareil génie ne peut avoir été arrêté par ce qui ne nous est pas compréhensible. Mais en tout état de cause, le théorème de Fermat, d’après les savants les plus éminents, est réputé avoir été pour les mathématiques un extraordinaire catalyseur et avoir engendré des recherches d’une incroyable richesse.
C.A. Montiel
