La visite du musée du vieux Toulouse
21 avril 2009 et 27 mai 2009
Situé au 7, rue du May, cet hôtel du XVI° siècle, en plein coeur de la cité, à deux pas du Capitole, classé monument historique, apparaît comme un passage obligé pour tout visiteur à la découverte de Toulouse . Il doit son nom à son bâtisseur Antoine Dumay (1550-1611) docteur régent de la faculté de médecine de Toulouse, conseiller en médecine de la reine Marguerite de Valois (première épouse d'Henri IV).Cet hôtel particulier accueille la « Sociétédes toulousains de Toulouse » et le musée du vieux Toulouse.
Il se présente à nous comme un livre d'histoire avec la grande histoire mais aussi avec de petites histoires qui font la vie de la cité .La ville rose , qui ne l'a pas toujours été, nous est racontée à travers une riche iconographie, d'oeuvres d'art, d'objets rassemblés par des passionnés. Une véritable invitation au voyageur dans le passé.
Les clés de lecture de la ville nous sont proposées avec l'évolution de la physionomie urbaine, le fonctionnement des institutions, le costume et les activités populaires et traditionnelles de la région.
Le bâtiment
De style Renaissance (époque Henri IV) ce vieil hôtel, un petit Assézat, avec sa cour intérieure, ses fenêtres à meneaux, les armoiries de la famille, sa galerie couverte, son escalier à vis de 67 marches, qui mène à l'étage, soutenu par un seul madrier de 12 m, sa devise sur le linteau, "Tempora et Diligencia", ses deux tours capitulaires rappellent au visiteur l'importance de ce personnage fortuné et notable de la ville. Antoine Dumay fut capitoul et un de ses fils assura aussi cette fonction.Cet hôtel vaut le détour, mais il faut oser franchir le porche, pour découvrir l'édifice, surtout lorsque le soleil inonde la cour intérieure et embellit les vieilles pierres, car la façade sur rue reste assez banale. Il résume à lui seul, la tradition architecturale d'une époque riche et glorieuse de la ville.
Le musée
La visite du musée est conduite par M Villeval, conservateur-adjoint du musée ; il sera non seulement notre guide mais aussi un conteur admirable qui nous livrera tous les secrets de Toulouse grâce à son agréable faconde.
Nous débutons la visite par la salle des Antiquités. Là, c'est un grand bond dans l'histoire qui nous fait remonter aux origines de la ville avec la première occupation sur les coteaux dominant la Garonne, par les Volques -Tectosages et la fondation de la cité par l'empereur romain Auguste.
Sont présentées des céramiques du V° siècle avant JC, des meules à grains, des cruches et des coupelles, des amphores vinaires venant de Campanie via Narbonne , où le consul Fonteius avait établi un péage et pour lequel il y eut procès, défendu par l'illustre Cicéron.
Cinq kilomètres de remparts (hauts de 6m) bordés de fossés, plusieurs portes et leurs tours de défense, ceinturaient la cité. Sur le plan, la ville romaine se découvre : les thermes, le théâtre, le forum, le temple, les aqueducs, dont il ne reste que peu ou pas de vestiges visibles aujourd'hui.
Nous poursuivons avec la salle des portraits et des institutions .Les personnages de la ville, notables et capitouls dans leur costume d'apparat rouge et noir bordé d'hermine sont là. Le portrait du juge De Fontanilles peint par Jean de Troyes, peintre officiel des capitouls, retient notre attention. La richesse iconographique du musée nous montre l'évolution de la ville, à travers ses monuments, existants ou disparus. Nous découvrons en particulier les façades des bâtisses ainsi que le clocher de St Sernin curieusement peints en blanc : la ville rose ne le deviendra que vraiment que tardivement. Il y a de nombreuses vues de Toulouse : la porte Montoulieu, et sa démolition, les moulins du Bazacle, l'activité portuaires intense sur les rives de la Garonne autrefois navigable avec ses embarcations chargées de pastel pour les drapiers de l'Europe du nord, la place des carmes, le clocher de la Dalbade avant et après la chute de celui-ci, la place Saint Sernin, le clocher des cordeliers et en arrière plan le télégraphe de Chappe, le pont neuf et ses lavandières sur le bateau lavoir, l'Hôtel Dieu dit de St Joseph, le premier pont suspendu dit des artilleurs, la rue de l'Esquile où se trouvait un séminaire. Un tableau évoque " l'affaire Calas" : Jean Calas se trouve devant le cadavre gisant au sol de son fils, tendant les bras vers les voisins venus aux nouvelles.
Nous sommes intrigués par la maquette en bois du " Damas à décoller" destiné aux exécutions capitales. Le véritable couteau était déposé chez le coutelier Celar chargé de l'entretenir et de le présenter à toute réquisition des capitouls. Le duc de Montmorency n'aurait pas été exécuté avec ce couteau mais avec une "doloire coulissante entre deux poutres de bois" ancêtre de notre triste guillotine. Une peinture à l'huile représente la chapelle de l'inquisition dans le couvent des réparatrices (place du Salin). Sur le plafond peint au XVI° siècle,sont représentées des scènes de la vie de St Dominique ; leur existence fut longtemps ignorée car un faux plafond les dissimulait. C'est grâce à ce tableau que l'on put redécouvrir toutes ces peintures.
La visite se poursuit par la salle des traditions populaires : citons des céramiques de terre cuite du XVIIIe et XIX e siècle, de curieux récipients, "une terre cuite à repasser" ancêtre de notre fer à repasser, des surjougs typiquement toulousains, la vraie toulousaine coiffée d'un mouchoir de tête sous une "paillole" à larges bords (chapeau de paille), vêtue d'un caraco, un grand fichu jeté sur les épaules, d’une jupe de drap rayé rouge et blanc dont l'ampleur est assurée par plusieurs jupons blancs, chaussée de modestes sabots.
Notre guide nous fera découvrir des personnages caractéristiques de la vie artistique toulousaine comme un grand ténor du Capitole donnant une leçon de chant, l'inventeur du trapèze volant, Léotard, le non moins célèbre Cazeneuve, prestidigitateur de renommée mondiale qui fut de par ses amours avec la reine de Madagascar à l'origine du protectorat de cette île par la France.
La visite s'achève par la salle Félix Mathieu, céramiste toulousain. Cette salle des faïences toulousaines du XVIII° siècle est caractérisée par un camaïeu de bleu sur fond blanc ou des camaïeux vert et jaune (imitation des Moustier).Certains plats ornés d'une frise de grappes de raisin terminées par des vrilles dénotent la facture typiquement toulousaine.
Des vues de Toulouse, au XIXe siècle sont présentes sur des assiettes par le procédé de décalcomanie de la faïencerie de Fourques et Arnoux. Nous découvrons ainsi des monuments aujourd'hui disparus ou qui ont été modifiés. Cette faïencerie s'installera à Valentine en 1830 après avoir fonctionné place St Sernin ; de nouvelles et belles porcelaines destinées à décorer salons et salles à manger aux couleurs éclatantes de vert et de bleu intense feront la notoriété de la faïencerie.
Cette visite, des plus riches, dont vous avez ici un aperçu, est faite pour tous les amoureux de notre belle et riche cité. Ce musée une source incontournable pour l'histoire de Toulouse.
. Odette LATOUR
Nous remercions le conservateur du musée du vieux Toulouse qui nous a autorisé à reproduire les trois clichés photographiques illustrant cet article