BORDEAUX : NOTRE SŒUR GIRONDINE.
Sortie des 10 et 11 octobre 2009
Les grands sillons fluviaux de notre Pays ont généré, depuis la plus haute antiquité, des couples remarquables de grandes villes : Paris- Rouen, Tours- Nantes, Lyon- Marseille et bien entendu Toulouse- Bordeaux. Il faut bien constater que ces situations ont, dans l’ensemble, favorisé des émulations plus ou moins « amicales » ou dans le meilleur des cas une attitude de superbe ignorance.
Il était donc temps qu’un groupe motivé d’Amopaliens31 (42 participants) se mette à jour dans sa connaissance de Bordeaux et de la Gironde. Un peu piqués par l’inscription de la cité girondine au patrimoine mondial par l’UNESCO, les toulousains ont souhaité - de bon cœur - se rendre compte par eux-mêmes.
Le week-end des 10 et 11 octobre avait été préparé de longue date. l’Hôtel des 4 Sœurs (où descendait Wagner en son temps) situé à proximité immédiate du Grand Théâtre était réservé depuis le printemps, grâce aux conseils judicieux d’Henri Fontanille. Professeur émérite de l’Université de Talence, ancien étudiant de l’école de chimie de Toulouse, lotois d’origine et de cœur, Henri s’est entièrement mis à notre disposition pour l’organisation du circuit mais aussi pour nous guider tout au long de notre programme de manière magistrale, décontractée et sympathique.
Ce matin du 10 il bruinait en Haute-Garonne et on pouvait craindre le pire ; ce fut le contraire qui se produisit. Effet sans doute du café convivial préparé et servi par nos gentes dames sur l’aire d’autoroute de l’Agenais, le ciel se déchira et fit sortir un soleil timide puis radieux dès l’arrivée à la place des Quinconces vers 10 h 30.
La découverte débutait. La splendeur des quais rénovés, le miroir d’eau devant la place de la Bourse (ancienne place Royale), les espaces verts le long du fleuve qui ont remplacé les anciens docks, la montée par le Cours du Chapeau Rouge vers les allées de Tourny, la majesté du Grand Théâtre ne pouvaient que susciter l’admiration. La rénovation des façades du XVIIIémet siècle, les belles perspectives, mais aussi le nouveau tramway dont la technologie silencieuse (attention tout de même !) régala les connaisseurs, emportèrent rapidement l’adhésion pour ce ˝nouveau˝ Bordeaux dont les véhicules automobiles semblent avoir disparu par magie.
Ce furent ensuite l’église Notre-Dame, le marché des Grands Hommes , la place Gambetta, la librairie Mollat (la plus grande de France) et enfin la place du Parlement bijou d’art classique. Tout à côté, la brasserie « Chez Paulette » dans la rue Saint-Rémi nous attendait pour un repas mêlant les saveurs océanes (brandade avec piquillos,) à la daube de joue de bœuf..
Après le café puis l’installation à l’hôtel, c’était un autre circuit qui nous était proposé dans un Centre très animé en ce samedi après-midi : Cours de l’Intendance, cathédrale Saint-André jouxtant l’hôtel de ville, ancien palais Rohan. Un rendez-vous historique et émouvant nous attendait plus tard au musée d’Aquitaine devant le cénotaphe de Michel de Montaigne. Il n’est pas présenté -à l’avis du rédacteur de ce compte rendu- à la hauteur de cet illustre personnage mais Bordeaux n’a pas, semble-t-il, gardé un excellent souvenir du maire qu’il fut et aurait ?? oublié le philosophe. Dans ce même musée, une belle exposition rend hommage aux victimes de l’esclavage et présente sans complaisance la Traite dont furent victimes tant d’africains et qui a enrichi au contraire plusieurs grands ports dont Bordeaux juste après Nantes.
Notre visite coïncidait avec le festival EVENTO et c’était justement la ville de Luanda, capitale de l’Angola, qui avait investi le Grand Théâtre. Lors du temps libre qui restait en fin d’après-midi après un arrêt à la Grosse Cloche, les uns se tournèrent vers le shopping et arpentèrent la rue Sainte-Catherine noire de monde sur 2 km rectilignes, d’autres cherchèrent des boutiques des meilleures marques, beaucoup profitèrent de ce temps libre pour visiter le chef d’œuvre de Victor Louis . Dans le Grand Théatre le vestibule et son plafond impressionnèrent beaucoup tandis que les foyers et la salle d’opéra elle-même nous ramenèrent dans l’élégance inimitable du siècle des Lumières.
Le clou de la première journée était à venir. « Le Café du Port » où nous avait retrouvés Monsieur Biard, président de l’AMOPA33 ainsi que Madame Michèle Fontanille, qui nous ont fait l’honneur et le plaisir d’accepter notre invitation à dîner, se situe à l’extrémité du Pont de Pierre rive droite. Il offre le soir une vue extraordinaire sur les illuminations du pont et des quais aujourd’hui entièrement restitués. Après un repas apprécié de tous (marbré de foie gras, noix de veau au jus de porto, mirlitan aux griottes), dans une salle qui nous était entièrement réservée, nous avons pu rentrer à l’hôtel en traversant le fleuve. Nous avons déambulé par une soirée douce et sereine devant les portes de Bourgogne, de Cailhau jusqu’au miroir d’eau qui scintillait de tous feux ; l’on n’était pas loin d’un aspect digne de Versailles ou mieux de la place de la Concorde à Paris.
Si quelques-uns parmi nous ont cédé à l’appel de la fête foraine installée aux Quinconces, pour la plupart ce fut ensuite le retour tranquille à l’hôtel pour un repos bien mérité.
Dimanche matin, bien réveillés après un petit déjeuner-buffet, nous partons pour le Médoc ; David, notre chauffeur, qui a été beaucoup dans la réussite du voyage par sa ponctualité, son affabilité amenait le bus le plus près possible de l’hôtel et Henri, fidèle au rendez-vous nous guidait vers Pauillac par la route des vignobles.
Dans un paysage grandiose bien que peu vallonné, toujours proche des brumes bienfaisantes de la Gironde défilent les grands crus classés qui font rêver : Margaux, Lafitte, Mouton, Latour, Saint Julien,……Nous poussons jusqu’au château Cos d’Estournel dont nous admirons, de l’extérieur, le chai exceptionnel. Comme c’est dimanche, nous n’avons pu obtenir la visite d’un de ces grands ˝ monuments ˝ du vignoble mondial ; il faudra revenir. Cependant, nous ne partons pas bredouilles car le château Giscours, 3èmegrand cru classé, a fait une exception et a accepté, en pleine vinification, de nous ouvrir son exploitation. Là, nous pouvons apprécier le rubis du vin nouveau, l’odeur du moût encore frais. Une dégustation du cru 2005 nous incite à quelques achats pour les fêtes prochaines et pour enrichir nos caves personnelles. Il faudra cependant attendre quelque temps encore le mûrissement d’une bonne année.
Le soleil est à nouveau de la partie tandis que nous rentrons vers Bègles et que nous atteignons le restaurant « Le Pavillon Garonne » situé immédiatement auprès du fleuve boueux, car encore sous l’effet de la marée, environné de postes à carrelets. Cette halte nous a ravis tout autant que le bon vin qui nous a été servi sur le croustillant de chèvre, l’agneau braisé au thym et un délicieux dessert. Nous aurions bien flâné dans le petit bois attenant mais après avoir dit au revoir et un grand merci à Henri qui nous a accompagnés jusqu’ici, nous avons prévu de découvrir encore deux sites remarquables.
Tout d’abord en préfiguration du programme Toulouse-Lautrec préparé par Maryse Carrier pour le mois de novembre, nous faisons une halte à Verdelais afin de nous recueillir devant la sépulture du grand peintre, décédé tout près d’ici, à Malromé. La tombe est émouvante, très simple et nous remarquons que Toulouse-Lautrec repose auprès de sa mère et de la femme de chambre qui l’avait élevé.
A 2 km environ c’est Malagar. Le souvenir de François Mauriac emplit ce domaine tout entier. Après avoir déambulé dans le parc qui domine Langon et au loin la forêt des Landes, nous entrons au rez-de-chaussée de la demeure qui a été préservée par la famille Mauriac et maintenant par le Conseil Régional d’Aquitaine. Le commentaire des 2 charmantes guides est passionnant tant elles paraissent prises par cet intérieur inspiré.
L’après-midi décline lorsque nous prenons le chemin du retour vers Toulouse. De 18h à 20 h, nous ˝ remontons˝» donc vers la capitale du Languedoc. Comme il est nuit à l’arrivée sur les allées Jean Jaurès, nous ne pouvons distinguer les bonnes briques de chez nous comparées aux pierres si bien taillées de notre sœur garonnaise. Elles nous font cependant chaud au cœur et nous remarquons que le contraste certain entre deux cités aussi passionnantes se doit de déboucher sur une complémentarité encore plus vivante et plus enrichissante pour tous.
Louis et Suzy Galtié
PS : Un grand merci à tous ceux du bureau AMOPA31 qui ont donné, chacun à son tour, un coup de main apprécié pour la préparation de ce week-end et qui ont su par leur entraide, par leur entrain, créer un climat de confiance; de cordialité et de convivialité.
Les photographies sont de Suzy Galtié, Cathy Vidal et Michel Carrier.