Visite de l’Hôtel d’Occitanie
11, rue Malcousinat
19 novembre 2014
par Odette LATOUR secrétaire AMOPA 31
C’est au 11 de la rue Malcousinat que prés de 60 amopaliens se sont retrouvés pour une visite de cette demeure qui regoupe les hôtels particuliers de Boysson et Cheverry (anciens Capitouls).
Le nom de Malcousinat évoque des relents d’une mauvaise cuisine ou encore quelque coquin familier des lieux. La façade de cet hôtel particulier ne laisse rien deviner des détails architecturaux ni du raffinement de l’intérieur.
M. Marçal Girbau, responsable culturel, nous fera visiter les lieux et partager son attachement à la langue et culture occitane.
Cet hôtel rénové est, depuis 2006, l’Ostal Occitania, qui réunit sous le même toit de nombreuses associations occitanes. Aujourd’hui, c’est un lieu d’expositions, de spectacles, de conférences, de cours et ateliers d’occitan et d’événements culturels divers.
Construit en 1511, par Guillaume Benezit, les styles gothique et Renaissance cohabitent avec bonheur. Dans la cour intérieure se dresse une imposante tour de 24 mètres de haut qui fut érigée par le banquier Hugues Boysson, riche marchand, ayant eu aussi les honneurs du capitoulat.
Au dessus de l’entrée, le drapeau occitan drape de ses couleurs le mur de briques roses propre à la cité. Vendu en 1535, au pastelier Jean Cheverny (beau-père de Pierre d’Assézat) celui-ci fit construire la voûte gothique lors de l’acquisition des lieux. Au rez de chaussée du corps de logis, la vaste cheminée de pierre, aux jambages ornés de moulures, au manteau décoré de deux lions à crinière bouclée qui présentent le blason du propriétaire d’alors, est occulté par un grand paravent qui déploie l’aire géographique de toute l’Occitanie.
Dans la deuxième cour de l’hôtel, on découvre une fenêtre à meneaux décorée sur son chambranle d’un frise de chardons ciselés et aux retombées du linteau, deux figures sculptées qui se font face, des petits personnages munis d’une massue, un chien qui se gratte l’oreille, des scènes qui rappellent la passion d’Hugues Boysson pour les parties de chasse.
M Girbau, terminait sa visite en concluant sur les apports culturels et humanistes de l’occitan.
Notre guide, attaché de part ses origines à la langue et à la culture occitane, insistera sur les valeurs qu’elle véhicule et diffuse. Une même conception de l’identité occitane, plurielle, partagée et créative. Elle a des liens avec les pays catalans, elle contribue de ce fait à la tolérance à la laïcité au vivre ensemble, à la démocratie, grâce des échanges interculturels régionaux et internationaux.
La visite de l’hôtel terminée, c’est M. le professeur Gourdou (chirurgien orthopédiste) Président de l’Académie du Languedoc, qui évoquera avec humour et de manière très plaisante et agréable le souvenir du docteur Auger-Ferrier(1513 1588), ce médecin toulousain totalement oublié, mais qui a eu, de part sa vie et ses écrits, une grande notoriété en son temps.
Un personnage peu ordinaire, qui après des études de médecine à Montpellier, de mathématiques et d’astrologie à Paris, reviendra à Toulouse en 1543 et y fabriquera des remèdes. Il publiera « Un Traité de la Peste » ainsi que « Des Jugements astronomiques sur les nativités » qu’il dédiera à Catherine de Médicis. Nous sommes à la Renaissance et la diffusion des savoirs grâce à l’imprimerie et la redécouvertes des textes de l’Antiquité l’amène tout naturellement à traduire en français les écrits des grands auteurs grecs et latins. Présenté à la Cour, la reine le choisit comme médecin et surtout comme astrologue personnel. Il sera à l’origine de l’horoscope. C’est en 1564, qu’il rejoint Toulouse définitivement ; il est alors nommé professeur de la faculté de médecine. Il finira ses jours au 39 de la rue St Rome dans son hôtel particulier (hôtel qui existe toujours). Seul, un buste visible aux Musée des Augustins témoigne de l’existence de ce brillant savant.
M Gourdou ayant fait de nombreuses recherches sur ce personnage hors du commun publiera probablement un ouvrage sur Auger-Ferrier prochainement.